Les cabinets d’expertise KPMG, CGP et Interfimo ont récemment publié leurs analyses de la situation économique des officines. Il ressort que le prix des officines a fortement diminué : la valeur moyenne de vente se situe actuellement à 76% du CA et environ 6,2 x l'EBE.
En 2015, les frais de personnel ont augmenté beaucoup plus (+1.6%) que le chiffre d’affaires ou la marge. Malgré les difficultés économiques, les pharmaciens ont continué à embaucher et à utiliser le CICE[1].
La rentabilité moyenne des officines cette année est de +0.3%, soit la plus faible en 24 ans, selon KMPG ! Aujourd'hui aucun investissement n'est possible pour préparer l'avenir.
Dans l'échantillon analysé par KPMG, 10% des officines subissent une perte moyenne de 16% de rentabilité et 13% ont une trésorerie négative. A l’échelle nationale, on estime que 2 000 officines sont dans une situation économique critique.
Or, l’année 2016 s’annonce très difficile pour les pharmaciens. Le CEPS a d’ores et déjà annoncé des baisses de prix (juin 2016) en plus de celles déjà prévues par le PLFSS.
Malgré les mauvais chiffres confirmés par les cabinets d’expertise comptable, le gouvernement continue d’utiliser le médicament comme variable d’ajustement du budget de la collectivité. Cela est d’autant plus contestable que le comité d’alerte sur le respect de l’ONDAM[2] a annoncé que les dépenses de médicaments de ville étaient en baisse, alors que les dépenses de soins de ville étaient en forte augmentation en raison de la hausse des dépenses liées aux honoraires médicaux et dentaires.
Les analyses confirment ce que l’UNPF annonce depuis longtemps. Le système actuel ne peut plus perdurer. Adosser la rémunération des pharmaciens uniquement sur les volumes est très dangereux car le gouvernement peut facilement baisser les prix et contraindre les prescriptions. Un nouveau modèle économique se met peu à peu en place, au sein duquel la part du régime obligatoire tend à diminuer au profit du régime complémentaire. La rémunération doit, en plus des volumes, porter sur la valeur ajoutée du pharmacien et les services rendus aux patients.