Le 01/04/2016 | Economie officinale : un bilan toujours plus préoccupant

L’UNPF a mené une étude sur l’évolution économique des quatre dernières années (2012-2015) afin d’analyser l’impact de la réforme engagée au 1er janvier 2015, c’est-à-dire l’introduction d’un honoraire à la boîte et le capage de la 3ème tranche de la MDL (marge dégressive lissée) concernant les produits les plus chers.

 

L’analyse montre que les unités sont assez stables (-0,50% en 4 ans), même si le gouvernement a pris des mesures pour contraindre de plus en plus les prescriptions. On s’attend à une diminution des volumes de médicaments dans les années à venir (le mois de janvier 2016 enregistre une nette diminution du nombre d’ordonnances par rapport à janvier 2015).

 

Mais, on constate une explosion des volumes pour les produits dont le prix est supérieur à 1500 euros : +141% en 4 ans.

 

Malheureusement la réforme de la rémunération a introduit un capage des produits de la dernière tranche qui bloque la rémunération des pharmaciens… or, c’est la tranche la plus dynamique ! Cette tranche concerne les médicaments les plus innovants et les plus chers, également ceux qui nécessitent le plus de travail pour les pharmaciens (conseils au comptoir, manipulation, logistique, stockage, formation…). L’UNPF a  toujours dénoncé l’aberration du capage de cette tranche qui bloque la marge des pharmaciens et empêche l’innovation.

 

Les chiffres d’affaires montrent d’ailleurs que ce sont les laboratoires qui sont les grands gagnants (+176% de CA sur la dernière tranche). 






La marge des pharmaciens est en régression : - 7,27% en raison du capage, mais également des nombreuses baisses de prix décidées par le CEPS. Les baisses de prix sont d’ailleurs focalisées sur les tranches qui rémunèrent le plus le pharmacien.

Les pharmaciens ont perdu plus de 400 000 euros de marge (PFHT) en 4 ans et la nouvelle rémunération n’a rien apporté à l’officine.

 

Les mesures d’économies ciblées sur le médicament (PLFSS) ont impacté l’officine à hauteur de 10 milliards d’euros en 10 ans. Le PLFSS 2016 prévoit encore environ 700 millions d’euros pour l’année 2016. Cela ne semble pas suffisant puisque le CEPS  a déjà annoncé de nouvelles baisses de prix à partir du 1er juin 2016, en plus des économies liées au PLFSS. Les décisions du CEPS impacteront de nombreuses classes thérapeutiques : neurologie, anti-inflammatoires non stéroïdiens, beta bloquants, diabète, bi-phosphonates, antii-arythmiques.

 

 

L’UNPF demande depuis plusieurs mois à pouvoir participer aux négociations avec le CEPS, au même titre que les industriels, car in fine, ce sont les pharmaciens qui sont impactés par les baisses de prix.

 

 L’UNPF constate que les négociations menées dans le cadre conventionnel (avec l’assurance maladie) n’ont pas tenu leurs promesses (rémunération, ROSP…) et n’ont pas apporté les améliorations attendues par le réseau.

 

Par ailleurs, nous observons une modification de la structure économique des officines au sein desquelles le poids du champ conventionnel diminue de plus en plus au profit du régime complémentaire.

C’est pourquoi l’UNPF souhaite que les pharmaciens puissent intégrer les négociations au sein du CEPS et non plus seulement avec l’assurance maladie.

 

Le bilan économique des officines est catastrophique, le taux de chômage des pharmaciens et préparateurs explose partout en France et le nombre de fermetures devraient significativement augmenter au cours de l’année 2016.

 

Pour l’UNPF, il est impossible d’ignorer plus longtemps cette situation, ou imaginer qu’une solution est à attendre des pouvoirs publics ou même se contenter de vouloir stabiliser la marge car le système est dépassé (modèle basé uniquement sur les volumes).

 

 

Pour l’UNPF, la profession doit se prendre en main et s’organiser pour inventer le métier de demain. Les solutions passent par un nouveau métier au comptoir, qui offre davantage de services aux patients ; un travail avec les complémentaires et une plus grande mutualisation

 
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