Négocier avec l'assurance maladie, est-ce la bonne solution pour les pharmaciens ?
Compte-tenu des derniers résultats en matière de négociation officinale (rémunération, ROSP), la question mérite d’être posée. Pour l’UNPF, il est grand temps de changer d’interlocuteur.
Non seulement, le poids du champ conventionnel diminue dans la structure économique des officines (l’avenir est à construire avec les complémentaires), mais les textes signés avec l’assurance maladie n’ont pas apporté les améliorations promises.
L’introduction d’un honoraire à la boîte n’a pas permis de stabiliser les marges, trop impactées par les nombreuses baisses tarifaires. Pire, cette réforme, en n’intégrant pas l’honoraire dans le prix du médicament, a ouvert la voie à une concurrence accrue entre les pharmaciens et des problèmes juridiques pour la facturation des médicaments à prescriptions médicales facultatives. Seul, l’honoraire à l’ordonnance, s’il avait été mis en place comme nous le demandions, aurait permis d’améliorer la trésorerie des officines. Mais l’assurance maladie n’y était pas favorable….
L’interlocuteur adéquat aujourd’hui est le CEPS (Comité Economique des Produits de Santé) car c’est lui qui fixe les prix des médicaments. Mais, les pharmaciens ne sont pas conviés aux négociations sur la fixation des prix des médicaments, alors qu’en bout de chaîne, c’est l’officine qui subit les baisses de prix. Depuis longtemps, l’UNPF demande que les pharmaciens puissent participer à cette négociation. Il est intéressant de constater d’ailleurs que l’assurance maladie, elle, en fait partie…. Ainsi, ce que la CNAM négocie avec les pharmaciens, elle remet en cause en actant les baisses de prix, mises sous TFR… qui contribuent à réduire la marge des officines.
Résultat, la situation économique des officines se détériore, les emplois sont menacés et le taux de chômage des pharmaciens et préparateurs explose dans toutes les régions.
Le médicament étant le principal contributeur aux réductions des dépenses de l’assurance maladie, le gouvernement table sur de nouvelles baisses de prix pour 2016. Le réseau enregistrera une perte d’environ 200 millions d’euros supplémentaires.
Il est clair que la convention ne permet pas de sécuriser la profession. L’UNPF réitère sa demande de participer aux négociations du CEPS et d’avoir un interlocuteur privilégié au sein du cabinet de la Ministre Marisol Touraine. Il n’y a pas de dialogue possible aujourd’hui avec le Ministère qui ne prend pas en compte la situation des officines et ne propose aucune vision pour l’avenir de la pharmacie. Ce constat est d’ailleurs partagé par l’ensemble des professions de santé.
Il est urgent de renégocier la rémunération et d’introduire, comme nous le demandons, une rémunération à l’acte intellectuel.
Il est urgent pour les pharmaciens, d’avoir le courage d’agir pour réinventer la profession.