Aujourd’hui, force est de constater que la profession manque d’attractivité au moment même où les pouvoirs publics envisagent la vente des médicaments sans ordonnance dans les grandes surfaces mettant le monopole en danger; la relève devient primordiale dans un contexte de départ à la retraite massif (l'âge moyen des titulaires est de 50 ans, un tiers a plus de 60 ans); le pharmacien a de plus en plus de responsabilités : alors que l’activité classique consistait à délivrer des médicaments, le pharmacien sera amené à proposer de nouveaux services et nouvelles missions; le métier est de moins en moins rémunérateur : les différentes réformes engagées pour réduire le déficit de la sécurité sociale ont durement touché les pharmacies qui voient leur activité et leur marge se détériorer d’année en année.
Pour l’UNPF, qui souhaite que les pharmaciens soient rémunérés à l’acte intellectuel et non plus seulement à « la boîte », l’enjeu est de mettre en place les moyens pour rentabiliser une officine sans augmenter la consommation de médicaments remboursables.
L’avenir de la profession de pharmacien est un enjeu de santé publique : sans eux, c’est l’accès aux soins qui serait réduit voire contraint de disparaître de certaines parties du territoire : après la désertification médicale, la désertification officinale?
Menace sur la profession
Au début de l'année, l'UNPF a mené un sondage auprès 732 pharmaciens titulaires, adjoints et étudiants afin de savoir quelles solutions concrètes sur le plan économique, juridique et fiscal seraient de nature à redynamiser la profession, la transmission, la vente, le regroupement des officines.
Incontestablement, les résultats de l’enquête dressent un état des lieux critique : manque de confiance dans l’avenir, difficultés financières pour s’installer, ou encore érosion du cœur de métier de pharmacien, mais, ils nous donnent en même temps les clés pour imaginer l’avenir autrement :
L'UNPF propose 20 mesures concrètes pour oxygéner la profession regroupées autour de 4 objectifs :
objectif 1 : Attirer les jeunes diplômés et assurer la pérennité de la profession
Faciliter les transmissions entre les générations :«Passer d’une fiscalité confiscatoire à une fiscalité
équitable. Alléger la fiscalité pour permettre les transmissions et des règles claires et simples pour les regroupements et transferts.
objectif 2 : imposer le rôle du pharmacien dans la e-santé
« Passer de la pharmacie « d’antan/anachronique » à la e-pharmacie d’aujourd’hui et de demain »
=>Reconnaître le pharmacien comme un tiers de confiance dans la gestion des données de santé.
=>Donner au pharmacien la possibilité d’exercer son activité de vente en ligne dans un lieu spécifique (non ouvert au public et agrée par l’ARS) à l’instar de ses confrères et concurrents européens.
objectif 3 : replacer le pharmacien sur son coeur de métier et le patient au coeur des préoccupations
-« Faire en sorte que nos nouvelles compétences soient enfin reconnues et rémunérées »
objectif 4 : adapter le modèle économique, juridique et fiscal, vite !
-« Démocratiser » le métier, le sortir de la transmission sui generis pour autoriser tout pharmacien désireux d’investir à hauteur de ses moyens et de devenir actionnaire
Le paysage officinal européen est très varié. La France a une des règlementations les plus strictes en la matière alors que de plus en plus de pays décident d’ouvrir le capital des pharmacies. L’UNPF préconise d’ouvrir le capital des pharmacies à l’ensemble des pharmaciens et non plus exclusivement aux pharmaciens en exercice
- Créer un fonds d’investissement financé et géré par la profession ayant pour vocation de faciliter les achats et les ventes d’officines et le renouvellement des générations.
- S’organiser entre pharmaciens pour optimiser l’exercice de notre métier dans l’intérêt du patient.
- Permettre aux pharmaciens d’avoir un local dissocié (non ouvert au public et agrée par l’ARS) de leur officine pour toutes les activités de hautes technicités telles que les préparations magistrales, la PDA et vente en ligne, à l’instar de ses concurrents européens.
-Donner un cadre réglementaire à la sous-traitance entre officinaux pour permettre à tous les pharmaciens de proposer l’ensemble des services à leurs patients (préparations, pda…).
livre_blanc_UNPF.pdf (2.08 Mo)